Sophrologie/Relaxologie et Gestion des douleurs, comment ça fonctionne ?

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Vous vous posez peut-être la question pourquoi les douleurs peuvent devenir chroniques et parfois persister malgré un respect strict de vos traitements. Avant tout il est important de comprendre les mécanismes de la douleur.

Alors c’est quoi la douleur ?

femme douleur pictohomme picto douleur

La douleur découle de notre expérience sensorielle et émotionnelle subjective, dépendant donc de notre ressenti individuel. La douleur peut-être perçue en réponse à des stimuli externes, comme des chocs ou des blessures, ou des maladies et infections entraînant une exacerbation ou irritation des récepteurs de la douleur. Ces derniers se trouvent sous la peau, au niveau de nos muqueuses, de nos organes et de nos articulations. Les stimuli sont soit d’ordre mécanique, thermiques ou chimiques, et sont ensuite transmis via les nerfs périphériques, puis la moelle épinière sous forme de signal électrique jusqu’au cerveau. La douleur est normalement toujours perçue comme une sensation désagréable. Ainsi dans la gestion de la douleur, il est important de rappeler que sa perception est subjective, son expression étant non seulement physiologique et somatique mais aussi liée au vécu et conditions psychologiques et émotionnels de chacun. (1)

Une évaluation précise de la douleur par des médecins et des spécialistes est donc un facteur clé pour une meilleure gestion. L’évaluation de la douleur est globale et multidisciplinaire, prenant en considération les aspects sensoriels et émotionnels, la dimension temporelle de la douleur, et sa distribution et localisation somatique. La douleur étant une expérience individuelle et subjective, l’auto-évaluation reste la norme pour la mesure de cette dernière. Ainsi l’une des premières étapes est de mesurer son intensité, les échelle de notation (NRS) permettent une meilleure observance. Cette dernière partant du score « 0 » qui correspond à aucune douleur et le score 10 qui correspond « la pire douleur possible ». Chez les enfants, une échelle sous forme d’images d’expression faciale de la douleur peut être proposée. La seconde étape est de mesurer la sévérité de cette douleur, répondant à la question quel est le degré de ressenti et son impact. L’échelle allant du score « 0 », qui correspond à « pas du tout désagréable » à 10 « le plus désagréable possible/pire sensation ». Les deux facteurs d’intensité et de sévérité de la douleur sont souvent corrélés. Après la quantification de la douleur,  la qualification est aussi un outil clé de mesure : il existe le McGill Pain Questionnaire (MPQ), ainsi que les deux questionnaires validés SF-MPQ. Ces derniers observant parmi une sélection de mots qualificatifs, la perception qualitative de la douleur.

La dimension temporelle est aussi évaluée : durée de la douleur, périodicité, chronicité, analyse d’événement déclenchant, cyclicité diurne/nocturne. (2)

La douleur peut aussi être classifiée en 3 types :

  1. Douleurs nociceptives
  2. Douleurs neuropathiques
  3. Douleurs centralisées

La douleur nociceptive est définie comme la douleur résultant de dommages réels ou menaçants au niveau des tissus non neuronaux et est due à l’activation des nocicepteurs, ou comme douleur attribuable à l’activation des récepteurs périphériques terminaux des neurones afférents primaires en réponse à des stimuli chimiques, mécaniques ou thermiques nocifs. La douleur nociceptive est proportionnelle à l’intensité du stimulus, à contrario de la douleur neuropathique. La douleur nociceptive est en fait un phénomène normal de protection permettant de signaler à notre corps et notre cerveau un danger potentiel. (3)

 

La douleur neuropathique quant à elle est attribuée à une lésion ou une maladie du système nerveux somatosensoriel, c’est une douleur chronique courante ayant un impact important sur la qualité de vie. Ainsi, elle touche 25-30% de la population Européenne, quant à sa prévalence mondiale, elle peut atteindre jusqu’à 10%. Les douleurs neuropathiques peuvent se déclarer de façon spontanée, c’est à dire sans l’intervention d’un stimulus. Les lésions nerveuses responsables de l’apparition de douleurs neuropathiques peuvent être d’origine traumatique, toxique (chimiothérapies anticancéreuses, médicaments antirétroviraux…), ou conséquentes à une autre pathologie (diabète, sclérose en plaques, éthylisme chronique…). Les douleurs neuropathiques ne répondent pas ou très peu aux antalgiques comme le paracétamol ou les antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS). Les traitements de première intention dans les douleurs neuropathiques sont les antidépresseurs tricycliques et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), ainsi que la gabapentine et la prégabaline, antiépileptiques.

Des approches psychothérapeutiques comme l’hypnose, la relaxation, le biofeedback, ou des thérapies cognitives et comportementales ont montré un bénéfice substantiel dans le traitement des douleurs chroniques. (4) 

Ainsi une récente étude sur les neuropathies diabétiques indiquait que des approches non pharmacologiques et une prise en charge généralement multidisciplinaire des douleurs neuropathiques, incluant une thérapie physique et psychologique et des approches interventionnelles, doivent être envisagées plus tôt. (5) 

La douleur centralisée est caractérisée par une douleur généralisée ou diffuse au niveau de plusieurs parties du corps. En fait la douleur centralisée est une douleur neuropathique localisée au niveau du système nerveux central. Cette sensibilisation centrale de la douleur est reliée à une hyperréactivité du système nerveux central qui répond de manière aberrante et exagérée à des stimuli, malgré une transmission normale des signaux par le système nerveux périphérique. La douleur centralisée est souvent observée chez les patients atteints de fibromyalgie, de douleurs chroniques, ou ayant eu des traumas neurologiques comme un AVC ou une atteinte de la moelle épinière. Des pertes de mémoire, ainsi qu’une aggravation de l’anxiété peuvent aussi être associés au syndrome de douleur centrale. Il est souvent constaté une superposition des différents états de douleurs, par exemple chez les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde, les douleur périphériques et nociceptives évolueront vers une douleur centralisée. Ainsi, 10-40% des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, d’arthrite psoriasique, d’ostéoarthrites, de spondylarthrite, ou de lupus ont un risque de développer un syndrome de douleur centralisée.

La douleur centralisée peut aussi être aggravée par des stresseurs psychologiques tels que l’anxiété, ainsi que des stresseurs environnementaux tels que des traumas, des infections ou du stress émotionnel, ainsi 5-10% des personnes ayant subi ce type de stresseurs auront un risque de développer un syndrome de douleur centralisée, d’où l’importance de la prévention et de la gestion de ces stresseurs chez les personnes à risque. Une approche holistique de la gestion de la douleur centralisée est donc recommandée, en alliant les traitements pharmacologiques, les thérapies cognitives et comportementales, et les thérapies physiques. (6)

Comment la sophrologie et la relaxologie peuvent aider dans la prévention et la gestion de la douleur ?

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La sophrologie-relaxologie fait partie des techniques de thérapie cognitive et comportementale permettant de mettre en place une stratégie d’adaptation face à la douleur chronique ou centralisée. Ainsi en réduisant l’impact du stress et des réponses émotionnelles, la sévérité et la fréquence des douleurs induites ou exacerbées par ces facteurs en seront donc aussi diminuées.

Il est ainsi bien établi que ces techniques ont un bénéfice prouvé dans les syndromes de dépressions et d’anxiété, et des études additionnelles ont été menées pour évaluer leur intérêt dans la prise en charge de la douleur chronique.

C’est ainsi que dans les syndromes de fibromyalgie, une étude menée en 2002 a montré le bénéfice de l’utilisation des TCC, en démontrant une amélioration du fonctionnement physique chez ces derniers souffrant de ce syndrome. (7)

Une étude récente menée en 2018 a également montré une diminution significative de la douleur chez des femmes atteintes de fibromyalgie lorsqu’elle pratiquait la sophrologie. (8)

Dans une autre étude chez des femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques associées à l’endométriose, l’association de méthodes d’acupuncture à des techniques de TCC a permis une diminution des douleurs pelviennes et une amélioration de la qualité de vie. (9)

Ainsi une revue de littérature note que les TCC ont un rôle important dans le traitement et la prise en charge des personnes souffrant de douleurs pelviennes chroniques en diminuant la douleur, le stress et une amélioration de la fonction pelvienne, et que la pleine conscience devrait faire partie intégrante des TCC et de la thérapie physique. (10)

Enfin une récente étude de 2022 menée sur un panel de 374 femmes atteintes de cancer, montre qu’une réduction significative des douleurs et une amélioration du bien-être est observée lorsque différentes thérapies de bien-être sont mises en place en complément de leur traitement. (11)

Ainsi il en ressort que les TCC, ainsi que la sophrologie-relaxologie ont intérêt et un bénéfice en complément des traitements recommandés par les équipes de soin pour les personnes souffrant de douleurs chroniques. Les études cliniques en cours permettront de mieux comprendre les mécanismes régissant leur mode d’action pour apporter à chacun une prise en charge de la douleur personnalisée.

Qu’est-ce que la sophrologie-relaxologie ?

La Relaxologie vous permet d’accéder à un panel de solutions basées sur la respiration, la méditation, la métaphore, la méthode de Jacobsohn….elle est souvent pratiquée en position allongée, et parfois assise pour optimiser votre détente, et ainsi travailler sur la gestion du stress et la diminution de l’anxiété.

La Sophrologie, créée par un neuropsychiatre, le Dr Alfonso Caycedo, aussi appelée relaxation dynamique vous permet d’accéder à un niveau de conscience sophro-liminal (ce qui diffère de l’hypnose, car vous restez conscient) tel qu’en utilisant vos propres ressources, vous rééquilibrez votre corps et votre mental, tout en ressentant parfaitement les effets de la pratique.

La sophrologie c’est en fait comme une rééducation de votre mental en pleine conscience qui vous permet de mieux gérer vos émotions et ainsi à continuer d’avancer dans votre vie plus sereinement !

A chaque séance de sophrologie, vous exprimez ainsi votre ressenti, ce que vous retenez de la séance, c’est ce que l’on appelle la phéno-description. La Sophrologie est pratiquée en position assise et/ou debout, permettant ainsi une approche globale psycho-corporelle, liant le corps et le mental.

La sophrologie implique donc que vous soyez acteur de votre changement, de votre mise en mouvement et action afin de vous exprimer, de libérer vos potentiels, d’améliorer votre santé et votre qualité de vie en général.

Références :

1: Paulina Swieboda et al, Evaluation de la douleur : types, mécanisme et traitements; Ann Agric Environ Med.2013; 1:2-7, PMID : 25000833

2: Robert B Fillingim et al, « Assessment of chronic pain: Domain, methods and mechanism” The Journal of Pain, Vol 17, No 9 (September), Suppl. 2, 2016: pp T10-T20, PMID : 27586827

3: Hichem Bouchenaki et al, «Les traitements pharmacologiques des douleurs neuropathiques », Version of Record: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595719300691, Manuscript_9eca33c3f0527d7416b0145c564af260

4: Aurélie Schmit, « Les douleurs neuropathiques : physiopathologie, prise en charge et voies de recherche », Sciences pharmaceutiques. 2011. ffhal-01738833f

5: Daniela C Rosenberger et al, « Challenges of neuropathic pain: focus on diabetic neuropathy », Journal of Neural Transmission (2020) 127:589–624

6: Alexander M et al, « Central pain syndrome », StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2023 Jan

7: Olivia C et al, “Potential Mechanisms Underlying Centralized Pain and Emerging Therapeutic Interventions”, Front. Cell. Neurosci., 13 February 2018 Sec. Non-Neuronal Cells, https://doi.org/10.3389/fncel.2018.00035

8 : Hugo Jario de Almeida Silva et al, Sophrologie versus entraînement en résistance pour le traitement des femmes atteintes de fibromyalgie : un essai contrôlé randomisé », J Bodyw Mov Ther.2019 avril;23(2):382-389, 10.1016/j.jbmt.2018.02.005

9: Meissner, K., Schweizer-Arau, A., Limmer, A., Preibisch, C., Popovici, R. M., Lange, I., et al. (2016). Psychotherapy with somatosensory stimulation for endometriosis-associated pain: a randomized controlled trial. Obstet. Gynecol. 128, 1134–1142. doi: 10.1097/AOG.0000000000001691

10: Dydyk AM, Gupta N. Chronic Pelvic Pain. [Updated 2023 Apr 1]. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2023 Jan-)

11: Buiret G, Lantheaume S, “Well-being treatments in cancer care: patient benefits”, BMJ Support Palliat Care. 2022 Jan 19;bmjspcare-2021-003458, doi: 10.1136/bmjspcare-2021-003458

 

 

Publié le 7 août 2023
Maxence de VILLEMEUR

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Maxence de VILLEMEUR - Sophrologue Relaxologue - Toulouse