Pourquoi le souvenir positif vous permet de vous ressourcer et d’avancer ?

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A votre avis, pourquoi les souvenirs positifs sont importants dans votre vie ?

Tout d’abord on peut se poser la question, c’est quoi un souvenir positif ? Le souvenir positif est un phénomène global de mémorisation d’un événement, d’un lieu, d’un moment seul ou partagé, qui a généré une émotion positive associée, comme la joie, la fierté, la confiance, l’admiration, ou la sérénité…

Ainsi tout au long de notre vie, notre cerveau va enregistrer dans l’ensemble des souvenirs émotionnels : souvenirs positifs et souvenirs négatifs (1). L’importance du souvenir émotionnel est qu’il est très ancré dans notre mémoire, il est donc durable, basé sur des évidences et aussi facilement accessible. En effet, l’évocation des souvenirs émotionnels nous permet de nous rappeler nos expériences, nos moments de vie, de leur donner une substance, et ainsi de mettre à jour notre mémoire. Ce qui est important, étant donné que notre mémoire nous permet d’avancer et de nous guider dans nos choix et nos décisions.

Mais que se passe-t-il dans notre cerveau ou notre corps lorsque l’hiver approche ? Nous pouvons observer pour certains un changement de comportements tels qu’une baisse d’énergie, de motivation, et aussi il peut nous sembler plus compliqué d’avancer, de prendre des décisions et de faire ces fameux choix. Par exemple certaines études ont montré chez le poisson qu’une baisse de sociabilité et des syndromes anxieux pouvaient se développer lorsque ce dernier était placé dans des conditions hivernales(2).

Pour les êtres vivants les changements de saison entraînent des modifications que ce soit au niveau physiologique ou comportemental, 1 à 10% de la population souffrirait de trouble affectif saisonnier (3). Par exemple pour certains la baisse de luminosité pendant  l’hiver peut entraîner un désordre émotionnel.  Ainsi des solutions telles que la luminothérapie peuvent être recommandés par les équipes de santé, ainsi que des thérapies cognitives comportementales afin de rééduquer notre cerveau. Il a été démontré que les périodes adéquates de thérapie pour prévenir ce désordre émotionnel de l’hiver sont  plutôt en été ou début d’automne, lorsque les conditions telles que la température et la lumière sont encore importantes.

Et en fait que se passe-t-il au niveau de notre cerveau et pourquoi parler de souvenirs émotionnels ?

Le cerveau avant même d’être un organe émetteur, est avant tout un organe récepteur. Ainsi il va recevoir l’information par nos récepteurs sensoriels ou, comme je vous l’avais présenté dans l’article sur la gestion de la douleur, par des récepteurs nociceptifs. Les récepteurs sensoriels envoient sous forme d’ondes électriques des informations au cerveau, que ce soient des sensations de chaleur, de froid, de douceur mais aussi de dégoût, de danger, de rugosité, de rudesse…. Nos cinq sens que sont la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher nous guidant dés l’enfance dans les apprentissages émotionnels.

Les souvenirs émotionnels sont fortement ancrés dans notre mémoire. Ils sont ainsi définis comme des souvenirs durables, car le fait d’être associés à des émotions entraîne une mémorisation à long terme. La force générée lors de la mémorisation a aussi une influence sur la durée de mémorisation. L’amygdale et l’hippocampe jouent un rôle fondamental dans la durabilité du souvenir émotionnel. L’hippocampe permet de mémoriser des détails contextuels en épisodes mnésiques. Il y a donc une forte proéminence du souvenir et de la représentation contextuelle et une mémorisation plus floue de l’émotion. L’amygdale quant à elle entraîne une mémorisation émotionnelle plus importante que la mémorisation de la représentation contextuelle. Ainsi la mémorisation émotionnelle résulte d’une interconnexion et d’un engagement de l’hippocampe et l’amygdale. Une piste de recherche future serait d’évaluer si le souvenir négatif déséquilibre cette interconnexion entre l’amygdale et l’hippocampe, alors que le souvenir positif favoriserait un équilibre entre les deux organes, voire une évolution vers un engagement supérieur de l’hippocampe. Il a été démontré par ailleurs que le stress chronique pouvait supprimer la neurogénése de l’hippocampe, inhiber le système dopaminergique et provoquer une sensibilisation de l’amygdale, ce qui entraîne un déséquilibre et un biais notamment en favorisant l’encodage des souvenirs négatifs(4).

Les souvenirs émotionnels sont aussi définis comme vifs et basés sur des évidences. Cette vivacité des souvenirs émotionnels leur permet aussi une accessibilité à travers le temps. Pour les souvenirs émotionnels, l’accessibilité de ceux-ci se fera sur la qualité et une sélection de détails précis associés. Lorsque le souvenir est neutre, celui sera plus flou à travers le temps, le souvenir négatif étant un souvenir émotionnel quant à lui est profondément ancré sur des détails ce qui entraîne cette vivacité et donc une accessibilité exacerbée sur ce souvenir négatif.

Le modèle « NEVER », pour Negative Emotional Valence Enhances Recapitulation, a démontré que lors de souvenirs négatifs, le cerveau se remet dans le même état émotionnel à l’évocation de ce souvenir que celui où il était au moment du phénomène d’encodage de ce souvenir négatif. D’un point de vue physiologique, cet encodage du souvenir négatif est lié à la stimulation de l’amygdale, expliqué aussi par l’activation de la sécrétion de norépinéphrine. Certaines études menées par Ventura-Bort et al (2020) ont aussi démontré que le souvenir négatif est aussi priorisé au moment du rappel (5). C’est donc l’ensemble de ces phénomènes qui donnent toute leur puissance aux souvenirs négatifs.

Heureusement il est possible de moduler la puissance et l’impact de ces souvenirs négatifs, eh oui les souvenirs positifs ont aussi une forme de puissance ou je dirai plutôt de force ou de résistance qui permet à bon nombre d’entre nous de passer ces épreuves et ces changements au cours de notre vie.

Pourquoi le souvenir positif est notre plus grand allié ?

Le souvenir positif est plein de ressources, voyez donc comme il est important :

Premièrement le souvenir positif est aussi un souvenir émotionnel, ce qui implique que le souvenir positif est durable tout au long de notre vie.

Deuxièmement le souvenir positif pourrait favoriser le système de l’hippocampe ou du moins aider à maintenir un équilibre entre les deux systèmes (amygdale et hippocampe). Il a été démontré que le souvenir positif permet de stimuler la sécrétion de dopamine, ce qui est un véritable booster pour notre cerveau et notre énergie mentale.

Troisièmement, ce qui en découle est que le souvenir positif est beaucoup plus conceptuel et est basé sur un système d’association d’idées. C’est ce qui en fait sa force car ce modèle associatif, permet à celui qui évoque un souvenir positif d’augmenter la vivacité de ce même souvenir mais aussi de le réexpérimenter à chaque évocation. Ainsi nous pouvons aboutir à un cercle vertueux permettant au cerveau de vivre ce souvenir positif comme un système de récompense. Ce souvenir positif fait donc partie de notre système d’auto-reconnaissance et de motivation. Peut-être pourrions-nous le comparer à notre système HLA au niveau immunitaire, qui permet de reconnaître le « soi » du « non-soi » ? Sans ce système de défense, notre système immunitaire serait en perpétuelle attaque contre nos propres cellules, sans souvenirs positifs, notre système cérébral serait peut-être lui aussi en perpétuelle attaque. Il est donc important de noter que les souvenirs positifs permettent de nous protéger des effets des souvenirs négatifs, en diminuant par exemple les impacts d’une expérience négative immédiate.

Quatrièmement, la mémoire associative permet aussi une stimulation de la mémoire prospective, la mémoire associative permettant une meilleure organisation de la mémoire et quant à la mémoire prospective, elle permet de stimuler les connexions créatives. Dans ce cas de figure, les souvenirs positifs permettent d’anticiper une épreuve potentiellement négative, car cette dernière permet d’activer les émotions de confiance en soi et aussi de patience et d’apprentissage.

Enfin, et probablement la raison originelle de nos souvenirs positifs est qu’ils activent notre émotion de nostalgie. Ils agissent pour nous comme des repères et des guides afin de favoriser notre résilience et que nous puissions continuer à AVANCER.

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1 Samantha E Williams et al, « The power of negative and positive episodic memories », Cogntive, Affective, & Behavioral Neuroscience (2022) 22:869-903

2 Tomoya Nakayama et al, « Seasonal changes in NRF2 antioxydant pathway regulates winter depression like behavior », PNAS (2020) 117 (17):9594-9603

3 Ybe Meesters et al, « Seasonal affective disorder, winter type: current insignts and treatment options », Psychology Research and Behavior Management (2016) 9:317-327

4 Daniel G Dillon et al, « Mechanisms of Memory Disruption in Depression », Trends Neurosciences (2018) 41 (3): 137-149

5 Ventura-Bort et al, Item and source memory for emotional associates in mediated by different retrieval processes », Neuropsychologia (2020) 145

Publié le 12 octobre 2023
Maxence de VILLEMEUR

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