Eh oui, on peut parfois se poser cette question surtout lorsque l’on a des pensées ou des idées plein la tête, qu’on jongle entre vie privée, vie professionnelle, études, amis, famille…. et que le temps défile à une vitesse grand V. Quelques fois aussi, le sommeil, malgré des journées bien remplies, se fait attendre, et Morphée reste à la porte de la chambre sans venir nous envelopper de ses bras rassurants, ou bien la porte reste entrouverte mais Morphée s’enfuit en pleine nuit rallumant le bouton « on » et, soudain le flash du réveil nocturne nous ranime violemment, puis impossible d’appuyer sur le bouton « off », et de nouveau les idées lâchées telle une horde galopante envahissent notre cerveau.
Et c’est l’insomnie…
Si c’est une seule nuit parmi d’autres, rien d’inquiétant, la nuit peut aussi porter conseils, par contre il est important de surveiller que le phénomène ne soit pas récurrent, sinon on peut parler d’insomnie chronique.
Cependant, une nuit, deux nuits, trois nuits….ou plus, et le bouton reste en position « on », Morphée ne revient plus….et la horde galopante des pensées ne trouvant pas d’issue finit par se jeter dans le précipice…« Off »
En effet, il a été démontré dès le début du XXe qu’au-delà de trois nuits sans sommeil, des troubles mnésiques ainsi qu’une altération des réactions motrices, et des hallucinations pouvaient apparaître. Des études ultérieures ont prouvé que les capacités de mémorisation, de concentration, d’apprentissage et d’orientation pouvaient aussi être impactées.(4, 5)
Vous l’avez compris, le sommeil est vital, c’est l’essence même de votre capacité à vous ressourcer, à organiser et trier vos idées, à permettre à votre cerveau d’apprendre et de mémoriser, et aussi à maintenir l’équilibre de votre métabolisme, à éliminer les toxines et les déchets métaboliques, et à renforcer votre immunité….(1, 3)
Dormir, c’est permettre à votre cerveau de se mettre en veille, car rassurez-vous, même pendant le sommeil, il assure sa fonction de coordination centrale et vos organes continuent de fonctionner à un rythme plus lent, ce qui permet à tout votre corps de se reposer et se régénérer.
Et pourtant…. alors que le sommeil est VITAL, près de 13% des adultes entre 25 et 45 ans, considèrent encore que le sommeil est une perte de temps…, d’ailleurs le saviez-vous, nous dormons 1h30 de moins qu’il y a 50 ans….(2)
La faute aux écrans et à la lumière bleue ? Pas que….lorsque nous vieillissons les phases de sommeil sont aussi modifiées ainsi que la sécrétion de certaines hormones comme la mélatonine qui diminue.
En parallèle, les faits sont là, toujours chez les 25-45 ans, 45% d’entre eux se plaint d’un manque de sommeil.
Finalement que se passe-t-il au niveau cérébral pendant le sommeil et quels sont les mécanismes qui le déclenchent ?
Tout d’abord il est important de préciser que le sommeil n’est pas linéaire, il fonctionne de manière cyclique. Une nuit standard est composée entre 3 et 6 cycles de sommeil dont la durée varie entre 60 et 120 min, la moyenne étant de 1 heure et 30 min.
De plus le sommeil se décompose en 4 phases :
La première phase, phase de transition ou d’endormissement, grâce toujours à notre ami Morphée, est une phase complexe. Elle met en jeu divers facteurs homéostasiques, tels que l’interleukine 1 (que l’on retrouve aussi dans les réactions immunitaires pro-inflammatoires), la prostaglandine D2 ou encore l’adénosine dont le taux augmente au cours de la journée permettant à son optimum de favoriser le sommeil et à son minimum d’enclencher l’éveil. On retrouve aussi pendant cette phase des hormones comme la mélatonine sécrétée pendant la nuit et les cellules ganglionnaires à la mélanopsine, au niveau de la rétine, stimulées par la lumière et qui transmettent au cerveau l’information sur le rythme jour/nuit. (1)
La deuxième phase, est une phase de sommeil lent et léger qui sépare l’état de veille et de sommeil. Elle représente 45 à 55% de notre temps de sommeil et se place ainsi comme phase majoritaire de notre sommeil. Pendant cette phase, des rêves légers peuvent survenir qui sont des représentations de notre capacité d’abstraction. Cependant ces derniers étant moins intenses, ils sont souvent oubliés au moment de l’éveil.
La troisième phase, est une phase de sommeil toujours lent mais profond, qui intervient plutôt en début de nuit. Elle représente seulement 16-20% de notre temps de sommeil et tend à diminuer au cours de notre vie. La fréquence lors de cette période descend en dessous de 1 Hz, et permet grâce à l’augmentation du liquide cérébrospinal de favoriser l’élimination des toxines et des déchets métaboliques au niveau cérébral. Notamment, l’élimination de facteurs pro-inflammatoires et de l’amyloïde, dont l’accumulation au niveau cérébral est un des facteurs de risque de maladies neurodégénératives (6,7), comme la maladie d’Alzheimer. (8)
La quatrième et dernière phase, appelée aussi sommeil paradoxal ou REM (Rapid Eye Movement) pour les anglosaxons, correspond à une activité cérébrale proche de la phase d’éveil. Pendant cette période le tonus musculaire est toujours aboli, bien que des mouvements des extrémités puissent survenir, ainsi que des fluctuations de la pression artérielle et du rythme respiratoire. C’est la phase de sommeil la plus propice aux rêves intenses dont le souvenir peut perdurer au réveil. (1)
Comment améliorer la qualité de son sommeil ?
Avant tout, il est important de poser le bon diagnostic sur vos troubles de sommeil.
A Toulouse, nous avons la chance d’avoir de nombreux centres du sommeil avec des équipes médicales pluridisciplinaires permettant d’analyser votre sommeil dans sa globalité (neurologique, physiologique, psychologique, physique) afin de poser le bon diagnostic et mettre en place les soins adaptés à votre cas.
En complément des traitements recommandés par vos médecins, les thérapies comportementales cognitives, la cohérence cardiaque, les techniques de relaxation comme la relaxation musculaire de Jacobsohn, le training autogène de Schultz, et la sophrologie adaptée au sommeil peuvent aussi vous aider à améliorer votre qualité de sommeil.
Références bibliographiques :
- Laura D Lewis, « The interconnected causes and consequences of sleep in the brain », Science 2021 October 29 ; 374 (6567) :564-568. Doi :10.1126/science.abi8375
- Pierre Hervé Luppi et al, « Sommeil, faire la lumière sur notre activité nocturne », centre de recherche en neurosciences de Lyon, unité Inserm 1028, Sept 2017
- « A quoi sert le sommeil », Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil, CHUV Lausanne (2019)
- Maria Teresa Acosta, « Sommeil, mémoire et apprentissage », National Human Genome Research Institute, Medicina. (Buenos Aires) 79 : 3, 29-32 (2019)
- Björn Rach et al, « Sleep in memory », Physiol Rev, 93 :2, 681-766 (2013)
- Sabia S et al, Nature Communications. 12, 2289 (2021)
- Klinzing JG et al, Nature Neurosciences.22, 1598 (2019)
- Winer JR et al, Curr. Biol 30, 4291 (2020)